Affichage des articles dont le libellé est poutine. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est poutine. Afficher tous les articles

dimanche 25 juin 2023

Coup d'état avorté : SMP Wagner contre l'Etat russe

RAPPEL DES FAITS (à l'heure française)

 Vendredi 23 juin 2023. La journée se termine calmement en Europe. Je passe sur les réseaux pour voir s'il y a des nouvelles du front Ukrainien.

Les forces ukrainiennes revendiquent la capture de territoires contrôlés par les russes depuis 2014. Sacré symbole. Il est 18h.

Un peu avant 20h, certaines sources fiables s'affolent : les russes auraient frappé des positions de Wagner. Les rumeurs circulent sur des ordres de tirer à vue sur les troupes de la SMP (société privée militaire).

Vers 22h, les choses s'accélèrent. Les canaux Telegram pro-Wagner commencent à parler de révolte, le FSB a à priori fermé la frontière russo-ukrainienne. La confusion est totale.


 A minuit, des vidéos commencent à apparaître du bouclage de Moscou, avec des BTR-82 accompagnés de petits groupes d'infanterie dans les rues de la capitale Russe. Il se passe quelque chose, mais quoi ? Igor Girkin à Donetsk semble annoncer que Wagner a pris son indépendance et attaque le territoire russe.

Samedi matin, l'Europe se réveille pour découvrir que la ville de Rostov, et le QG des forces armées russes qui contrôle les opérations en Ukraine, sont sous le contrôle de Wagner, qui déclare être en conflit avec le pouvoir central, mais pas la population.

Avant 7h du matin, les forces spéciales du MVD (ministère de l'intérieur Russe) ont investi les bureaux de Wagner à St Pétersbourg et commencé à perquisitionner les lieux.

Troupes de Wagner dans Rostov le 24/06/2023. A noter les marquages d'identification, pour éviter les tirs fratricides)

Dans la nuit, un second groupe de soldats de Wagner, une colonne motorisée, serait entrée en Russie plus au Nord, a pris la ville de Voronej, et roule sur l'autoroute M4 en direction de Moscou.


Dans la matinée, Vladimir Poutine sort de sa réserve et fait une déclaration qui condamne les traitres et factieux, et promet des punitions contre Prigozhin et tous ceux qui participent à son petit coup d'état.

A midi heure française le 24/06/2023, Wagner annonce avoir abattu 5 hélicoptères et un avion de surveillance Iliouchine des forces aériennes russes.

Les forces russes, de leur côté, semblent utiliser des Kamov Ka-52 pour détruire des dépôts de carburant présents sur le trajet, pour empêcher les factieux de se ravitailler.

En début d'après-midi, Kadyrov annonce que ses troupes personnelles sont envoyées pour capturer Rostov. Elles resteront à priori bloquées dans un gigantesque bouchon sur les voies rapides une bonne partie de l'après-midi.

La "Tik Tok Brigade" de Kadyrov roule vers Rostov depuis la Tchétchénie.

Du côté de Moscou, la défense passive s'organise. Les forces du MVD créent des chicanes sur les autoroutes avec des poids-lourds abandonnés, des engins de chantier creusent les chaussées sur l'autoroute M4 pour stopper les véhicules de Wagner. Les troupes de l'armée russe sont invisibles.

Barrages en pleine installation sur l'autoroute M4, au sud de Moscou.

Les moscovites ayant les moyens commencent à fuir la ville, avec des vols vers l'étranger (pour les plus chanceux) ou les villes de périphérie remplis toute la journée.

Dernière place dans le vol Moscou-Yerevan de 20h30 le 24/6/23, mise à prix 2400$. Source Meduza/Kevin Rothrock

Engins de travaux publics creusant la chaussée sur la M4 au sud de Moscou

Et puis, en fin d'après-midi, le soufflé tombe.

La colonne de troupes Wagner aurait fait demi-tour. Lukashenko, dictateur biélorusse, aurait rencontré Prigojine et monté un deal pour éviter l'attaque de Moscou.

Dans la soirée, des annonces officielles sont faites. Prigojine a abandonné. Wagner retourne à ses quartiers, leur chef sera exilé à Minsk avec interdiction de retourner à son fief de St Petersbourg. La milice privée, d'après les annonces, ne sera pas sanctionnée.

La révolte du chef de guerre Prigojine semble être terminée.

QUI EST WAGNER ?

 La question est complexe.

Dmitry Utkin, la face "publique" du Groupe Wagner lors de ses débuts, aimait à présenter le groupe comme une simple Société Militaire Privée (SMP), telle que Blackwater (US) ou Executive Outcomes (Afrique du Sud). Cette présentation publique a mené pendant des années (et encore aujourd'hui) certains commentateurs à justifier les actions de Wagner en les comparant à Blackwater, oubliant au passage que les actions criminelles de Blackwater ont mené à plusieurs condamnations (et à sa dissolution).

La première opération de Wagner consistera à fournir un soutien technique et logistique aux "républiques séparatistes" fantoches de Donetsk et Lughansk, à partir de 2014, dans leur conflit contre les autorités Ukrainiennes.

Par la suite, Wagner apparaîtra partout où le pouvoir du Kremlin aura besoin de forces armées, mais sans vouloir s'engager directement (Syrie, Donbass, Soudan, Centrafrique, Lybie...). Cette dimension de "plausible deniability" fournie au Kremlin les rapproche donc des mercenaires utilisés par la France, les États-Unis ou la Belgique en Afrique, des aventuriers ou ex-militaires engagés pour effectuer les travaux que les pays occidentaux ne désiraient pas faire directement eux-mêmes.

Cette plausible deniability sera montrée ouvertement lors de la bataille de Khasham en Syrie en 2018, où des éléments de Wagner et Syriens en plein engagement avec des troupes Kurdes et des Forces Spéciales américaines seront abandonnées par le commandement russe, qui retireront au dernier moment le soutien aérien et les défenses aériennes aux mercenaires, menant à la perte de 200 hommes, dont 100-120 blessés (d'après les sources Américaines et Wagner, chiffre revu à la baisse par le Kremlin).

Les hommes de Wagner sont également connus pour leur cruauté et le peu de cas qu'ils font de la vie des locaux, que ce soit en Afrique ou en Syrie.

Utkin disparaît peu à peu de la scène publique, et est remplacé en 2022, lors de l'invasion de l'Ukraine, par l'homme déjà réputé être derrière le groupe depuis sa création, Yevgeny Prigozhin.

Prigozhin est un pur produit de la Russie post-soviétique. Mis en prison pour vol et fraude en URSS, il passera 9 ans dans le système carcéral soviétique, dont il sort en 1990. Après la chute de l'URSS en 1991, il devient "entrepreneur" dans la restauration, les supermarchés et les casinos. Natif de Saint-Pétersbourg, il deviendra proche de Vladimir Poutine, et est souvent surnommé "chef de Poutine".

Wagner est actif en Ukraine depuis le début des combats en 2014, mais s'est particulièrement fait connaître pour son offensive de 9 mois sur la ville minière de Bakhmut (septembre 2022 à juin 2023). Lors de l'offensive sur Bakhmut, Prigozhin et son groupe Wagner deviennent tristement célèbres pour leur stratégie d'envoi de vagues de soldats mal entraînés, et embauchés dans le milieu carcéral contre la promesse d'une annulation de leurs peines, y compris pour les crimes violents (viol, meurtre, etc).

Après le retrait de Wagner de la zone de Bakhmut, Prigozhin déclarera y avoir perdu 16 000 hommes, dont 10 000 ex-prisonniers, et renvoyé des milliers d'ex-prisonniers à la vie civile en Russie.

La situation a toujours été tendue entre Prigozhin et le chef du Ministère de la Défense russe, Serguei Shoigu. Autre pur produit de l'après-URSS, Shoigu est régulièrement accusé par Prigozhin de refuser l'envoi de munitions et d'équipements au groupe Wagner. Prigozhin à d'ailleurs affirmé que sa tentative de putsch était menée contre le ministère de Shoigu, et non contre Vladimir Poutine.

Le groupe Wagner est également considéré comme groupe terroriste par la France et comme groupe criminel international par les États-Unis.

LA RÉACTION DE L’ÉTAT RUSSE

 Dire que la réaction a été molle n'est pas peu dire.

Le FSB a lancé un mandat d'arrêt contre Prigozhin le 23 dans la soirée, mais d'après certaines sources les cadres locaux et nationaux étaient déjà trop loin dans leur soirée pour en faire quoi que ce soit. En bref, ils étaient déjà ivres pour le week-end.

Vladimir Poutine fera une annonce télévisée le 24 au matin, où il dénonce la tentative de Prigozhin et le voue aux gémonies. Pour lui, le chef de Wagner, et le groupe tout entier, sont des traîtres et devront être punis.

La télévision d'état, de son côté, parlera d'insurrection.

La réaction la plus importante est celle de Lukashenko, qui volera de Minsk à Rostov (probablement sur ordres du Kremlin) pour aller négocier avec Prigozhin. De cette façon, le pouvoir ne se mouille pas directement, et continue de s'évacuer de Moscou au cas où les négociations ratent.

Où EST L’ARMÉE RUSSE ?

 Pendant toute cette opération, de son début vendredi soir à la "signature" des accords entre Lukashenko et Prigozhin en fin d'après-midi vendredi, l'armée russe a brillé par son absence.

Tout d'abord, malgré les demandes apparentes de l'appareil d'état Russe, les troupes de Wagner ont pu quitter leurs casernements en arrière du front et passer la frontière russo-ukrainienne, à priori en deux points (un en direction de Voronej et Moscou, l'autre en direction de Rostov) sans être inquiétés.

Rostov, ville de garnison de l'armée russe pour la zone sud, est capturée dans la nuit par Wagner, et le quartier général des forces russes, qui contrôle les opérations en Ukraine, est pris sans tirer un coup de feu. Toute la journée, les véhicules blindés et les troupes de Wagner sont vues dans la ville et ne semblent pas inquiétées par les militaires russes.

De même, mis à part quelques escarmouches avec des hélicoptères russes - dont six seront abattus par les postes sol-air de Wagner - la colonne partie vers Moscou, qui transporte ses blindés sur des porte-chars pour rouler plus vite, ne subit aucun harcèlement ou embuscade par les forces russes.

Porte-char de Wagner sur la M4, avec un T-80 embarqué

 

Les images diffusées par les médias russes montrent des barrages creusés dans les chaussées et des camions abandonnés sur les routes, mais à aucun moment la 4e division de chars de la Garde, basée à Naro-Fominsk au sud de Moscou (et quasiment sur l'axe d'approche de Wagner) n'est aperçue. Alors que deux régiments de T-80U se déplacent difficilement en toute discrétion.

Position de la 4e Division de la garde et axe d'approche du convoi de Wagner.

 

La seule force envoyée à Rostov en réaction aux actions de Wagner seront les Tchétchènes de la Rosvgardia de Kadyrov. Légèrement armés et équipés, et surnommés "TikTok Brigade" pour leurs compétences plus élevées à faire des vidéos sur les réseaux sociaux qu'au combat contre les Ukrainiens, il est douteux qu'ils auraient vraiment étés capables de reprendre la ville à Wagner sans pertes conséquentes.

LE FUTUR : WAGNER, LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE RUSSE ET LA CRÉDIBILITÉ DE VLADIMIR POUTINE

  • On entre en Russie comme dans un moulin
Après les incursions de la Légion des Volontaires Russes (une milice d'extrême-droite anti-Poutin, qui s'infiltre régulièrement dans l'oblast de Belgorod, ayant même plusieurs fois abattu des garde-frontières du FSB, les troupes de Wagner ont été capables de traverser la frontière en deux points, avec des poids-lourds, sans être inquiétés par les gardes frontières.
 Cela confirme que la frontière russe est poreuse, et les forces frontalières mal équipées et peu motivées à faire leur travail.
  • L'armée russe n'a plus de ressources internes
Outre le passage de la frontière, l'épopée routière du convoi de Wagner n'a jamais été en danger, et finit par faire demi-tour sur ordres de son chef. Les troupes internes déploient quelques hélicoptères et avions de surveillance, mais les bombardiers et les blindés ne font pas leur apparition, à part quelques BTR-82 parsemés ici et là autour de Moscou.
Les faits se déroulant dans la zone sud-ouest, qui fait face à l'Ukraine (en guerre contre la Russie) et la Pologne (accusée par la Russie de préparer une invasion), et le gros des forces de l'OTAN, montre que le discours de la "menace OTANienne" ne tient (ben entendu) pas debout : le Kremlin a engagé tous ses moyens en Ukraine, et n'a rien laissé face aux forces blindées de l'OTAN, qui tiennent actuellement la frontière allant de Murmansk à la frontière Biélorusse.
 
La défense de Moscou, face à la prétendue menace de l'Ouest, est une coquille vide. Si l'OTAN attaquait demain, une journée semblerait suffire pour être sur la Place Rouge...
  • Le temps des chefs de guerre
La Rosvgardia tchétchène, contrôlée par Kadyrov, semble être la seule force militaire "officielle" conséquente (et non factieuse) actuellement sur le territoire fédéral de Russie.

L'autre force conséquente est la milice privée Wagner.

L'absence de l'armée du terrain, et la présence très ponctuelle des forces du ministère de l'intérieur (affaibli depuis qu'on lui a retiré ses forces paramilitaires) montre qu'un chef de guerre un minimum équipé, et motivé, est capable d'aller jusqu'à Moscou pour demander des comptes. Et que le pouvoir central fléchira, au moins en partie, face à la menace. Une dynamique de chefs de guerre pourrait donc s'installer, avec un pouvoir central faible maintenu à bout de bras par des groupes armés à la limite du banditisme.

Les oligarques ne s'y trompent d'ailleurs pas, avec la multiplication des SMP à l'intérieur de la Russie, dernièrement chez l'agence spatiale Roscosmos.

  • Vladimir Poutine est mis en difficulté par ses actions et celles de ses proches

Vladimir Poutine, qui dénonçait les révoltés samedi matin, les pardonne samedi soir. Si l'on ajoute les mouvements de la Présidence, avec une fuite possible vers Saint-Pétersbourg, la situation de Poutine s'est grandement dégradée depuis vendredi soir.

Le pouvoir d'un autocrate provient, en tous temps, du soutien des élites du pays, et de l'assurance que le pouvoir tient les choses assez fermement pour que ces dernières puissent s'en mettre plein les poches (pécuniairement ou autres).

Les actions de Vladimir Poutine ces derniers jours ont montré que le contrôle qu'il a sur le pays n'est pas aussi grand que le dit la propagande, et que son état n'est pas aussi fort qu'il l'a laissé entendre.

Le roi est nu.

  • Va-t-on vers une purge massive de l'appareil d'état et militaire russe ?

En tous temps, la Russie a utilisé l'outil de la purge pour éliminer les gens qui ne suivent pas assez la ligne du parti, y compris avec la guerre à l'horizon. On n'oubliera pas les purges de l'Armée Rouge de 1937 à 1939, alors même que Staline prépare l'invasion de la Finlande, des Pays Baltes et de la Pologne (en concert avec l'Allemagne Nazie).

Les dysfonctionnements de l'appareil de défense et de renseignement  russe, ces derniers jours, vont probablement mener à une purge des éléments "problématiques".

L'accord trouvé avec Prigozhin, qui a une dent contre le ministère de la défense depuis des années, pourrait également mener à des purges dans le ministère.

Et, pour finir, il est probable que Wagner soit purgé. Prigozhin dit avoir l'assurance de l'intégration de Wagner dans l'armée russe, mais il est peu probable que le commandement veuille intégrer des troupes factieuses dans leurs rangs.

  • Effets possibles à moyen et long terme sur les opérations en Ukraine

La coupure de la liaison avec le commandement pendant 48h (minimum) avec la prise du QG sud va probablement handicaper les capacités russes en Ukraine pour les semaines à venir.

Le retrait de 25 000 troupes de Wagner du front, avec leurs équipements lourds, est une force conséquente qui ne peux pas être rapidement redéployée en appui contre l'offensive ukrainienne, toujours en cours.

La Russie a perdu dans l'opération des pilotes (15 d'après les dernières informations) et du matériel difficilement remplaçable.

Cette petite invasion a montré que le pouvoir est affaibli, et que la paix intérieure (que Poutine avait promise en cas de guerre avec l'Ukraine et l'Ouest) n'existe pas. Cela aura des effets sur la Russie elle-même, qui sont cependant difficiles à mesurer actuellement.

dimanche 12 mars 2023

Guerre en Ukraine, la IIIe Guerre Mondiale à nos portes ?

 Disclaimer : Ce papier a été publié pour la première fois sous forme de fil Twitter le 17 octobre 2022. Les  éditions seront indiquées entre [crochets]. 
Bien entendu la mise en page Twitter rend les choses légèrement  moins lisibles et force des décisions éditoriales.
 

[L'une des marottes des réseaux pro-Kremlin, et les idiots utiles répétant leurs points de vue, depuis le début du conflit en Ukraine,est de parler de l'avènement de la 3e Guerre Mondiale.]

Et, dans le tas, beaucoup de gens semblent ne pas savoir, ou ne pas comprendre, ce qu'est une "Guerre Mondiale".

 

Exemple de personne avec un auditoire public, qui ne comprend pas ce qu'est une Guerre Mondiale, ou ment au public de façon volontaire.

Beaucoup de gens présentent un affrontement entre le Pacte de Varsovie et l'OTAN en Europe dans les années 1980 comme étant une guerre mondiale. 

Dans le genre Tempête Rouge de Clancy. 

Red Storm Rising, ou Tempête Rouge en français, raconte un affrontement entre les Soviétiques et l'OTAN en Europe, sur fond de crise économique en URSS au milieu des années 80.
 

Et donc, dans cette logique, un affrontement entre la Russie et les forces d'un ou plusieurs pays de l'OTAN en Ukraine serait la IIIe Guerre Mondiale.

Seulement, une guerre mondiale, ce n'est pas une guerre où des gens viennent de la terre entière pour, poliment, se mettre sur la gueule.

C'est une guerre où les théâtres d'opérations s'étendent sur tous les continents, ou presque (l'Antarctique ne compte pas, étant une zone internationale sans population).

 

 

  • La Première Guerre Mondiale (1914-1918)

De par notre point de vue d'Européens, nous regardons la 1ère Guerre Mondiale comme étant purement Européenne. Cependant, si c'était le cas, ce serait juste une guerre Franco-Prussienne classique. La guerre de 1870 est-elle une guerre mondiale ? Non, pas plus que les campagnes Napoléoniennes, qui se sont pourtant étendues sur tout le continent Européen.



Cependant, en 1914, par le jeu des colonies, après la déclaration de guerre le conflit s'étend à l'Afrique, où les troupes coloniales allemandes, comme les Askari de Von Lettow-Vorbeck, tentent de garder le contrôle de l'empire colonial face à des troupes alliées supérieurs en nombre, équipement, et ayant accès à leur métropole pour le ravitaillement.

Troupes coloniales allemandes Askari, et leurs officiers impériaux Allemands, 1914

Les colonies sont également un argument de recrutement pour les alliés : les sud-africains et portugais se voient promettre des territoires contre leur aide en Europe, et à la fin du conflit les colonies allemandes seront distribuées entre les vainqueurs.

Troupes coloniales Anglaises en Afrique

L'est de l'Asie et l'Océanie seront, de même, emmenées dans la guerre, avec l'attaque et la capture des colonies et comptoirs allemands dans le Pacifique et en Chine. Les allemands tenteront de fomenter une révolte en Inde, sans succès. 

Troupes allemandes lors du siège de Tsingtao (Qingdao) par les troupes japonaises et anglaises

L'Asie sera également concernée par des batailles alliées contre les Ottomans (alliés des empires Allemand et Austro-Hongrois), et les révoltes arabes - motivées par les pays de l'Ouest - en Asie Mineure. L’Amérique du Sud, elle, ne sera concernée que par des batailles navales, le long de ses côtes. 

Donc 5 continents sur 6 sont concernés par les affrontements, et nous avons déjà dit que l'Antarctique ne compte pas. 

Mondiale, la guerre, comme disait Coluche. 

 

 

  • La Seconde Guerre Mondiale (1939-1945)

Concernant la seconde Guerre Mondiale, je vais faire plus rapide et plus simplifié, car tout le monde (ou presque) est conscient de sa dimension internationale, et inter-continentale : 

Expansion maximale des forces Allemandes (et leurs alliés) en novembre 1942.

 

- Allemands en Europe et Afrique du Nord 
- Japonais en Chine, quasiment jusqu'à l'Inde, qui descendent jusqu'à la mer de Corail, limite de l'Océanie.

L'Amérique, une fois de plus touchée principalement par les batailles navales, entre les raideurs allemands (sous-marins et navires de surface) et les marines alliées.

Expansion maximale japonaise, 1942

  • Le scénario Ukrainien

Maintenant que nous avons vu ce qu'est une Guerre Mondiale, nous pouvons étudier un scénario "Tempête Rouge" en Ukraine.

On a deux blocs : La Russie, avec des achats de matériels Iraniens et Nord-Coréens d'un côté, et l'Ukraine, aidée par ventes & dons de matériels OTAN de l'autre.

Carte de situation dans Tempête Rouge de Tom Clancy, avec un engagement direct entre les forces Soviétiques et de l'OTAN

Où se passent les combats ? 

En Ukraine, et quelques bombardements au-delà de la frontière Russe. 

Quels autres endroits ? Nulle part

Donc nous sommes dans une guerre se déroulant sur un terrain restreint en Europe. C'est tout.

[NDR : au 12/03/2023, les combats, hors quelques frappes sur des bases russes, ne sortent pas des frontières terrestres et maritimes de l'Ukraine telles que définies en 1991.]

Carte animée du front en Ukraine, de Février à Août 2022, montrant la sectorisation très limitée des combats
 

Mais, j'en entend dans le fond qui hurlent "oui, mais si l'OTAN s'en mêle sur le terrain ?"

Et je leur répondrai "Si l'OTAN s'en mêlait, et attaque la Russie, et qu'on appelle ça une 'Guerre Mondiale', alors il faudra faire des requalifications, et ça sera la 4e guerre mondiale, pas la 3e".

Pourquoi ? C'est simple :

 

 

  • La guerre où tout le monde est contre tous les autres de façon ouverte, mais pas mondiale

 

La Guerre de Corée, 1950-1953 (combats), 1950-présent (techniquement)

De 1950 à 1953 (techniquement jusqu'à aujourd'hui, la paix n'a jamais été signée) s'est déroulé un truc appelé la "Guerre de Corée". Une guerre symétrique (ou "near-peer" comme on dit de nos jours), avec d'un côté les Nord-Coréens, les Chinois et les Russes (oui, tous avec des troupes sur le front, pas juste de l'aide).

 De l'autre côté, les Sud-Coréens, et des troupes :
- Américaines
- Françaises
- Anglaises + Commonwealth
- Turques
- Thaïs
- Philippines
- etc...

On va passer les détails, mais en gros tout le monde est là, y compris des éthiopiens, des colombiens et des sud-africains.

 

Char d'assaut Centurion anglais en Corée, 1951.

Cet engagement largement international, en Corée de 1950 à 1953, est dû en grande partie a l'ONU et à sa résolution n° 83, du 27 juin 1950, recommandant une aide des états membres à la Corée du Sud.

Mais si les deux blocs s'affrontent de façon complètement ouverte (Les forces de l'ONU combattent sous leurs propres pavillons, les Chinois sous le leur, et les Soviétiques engagent leur armée de l'air de façon à peine voilée), le terrain des affrontement se limite à la péninsule Coréenne, les forces de l'ONU faisant même spécialement attention à ne pas franchir la frontière Chinoise en 1950, malgré la poussée véhémente de Douglas Mac Arthur.

La guerre de Corée serait donc la 3e "Guerre Mondiale", si l'on considère que c'est une question de représentativité, et non de champs de batailles.

Hors la Guerre de Corée, jusqu'à aujourd'hui, reste la guerre de Corée. Pas la 3e Guerre Mondiale. Ou même la 2,5e Guerre Mondiale.

Les gens qui soutiennent que la guerre en Ukraine va mener à la 3e GM et que l'on devrait laisser les Russes gagner, probablement.

  • En conclusion, non, la 3e Guerre Mondiale n'est pas pour demain

Du coup, guerre en Ukraine qui tournerait à la guerre mondiale? 

Oui mais non. 

Même si les russes déploient des Coréens ou des Iraniens sur le front... 

Même si l'OTAN décidait d'attaquer la Russie... 

Parce que les forces de l'OTAN sont en Europe, et n'ont pas besoin d'en sortir : Moscou est à quelques heures des pays baltes en AMX-10RC.

Trajet entre Terehova, à la frontière Lettone, et la Place Rouge à Moscou. Pas besoin de sortir de l'Europe continentale !

Pour avoir une guerre mondiale, il faudrait que les Russes attaquent le Japon et les États-Unis sur leur sol, et l'armée française en Afrique.
Et même s'ils étaient assez idiots pour le tenter, au jour d'aujourd'hui, ils n'auraient pas les capacités pour.
A part en envoyant 3 clampins en scooter...

Et donc, maintenant, vous savez pourquoi les gens qui crient à la Guerre Mondiale vous racontent des bêtises.

A  bientôt pour de nouvelles aventures.