lundi 15 juillet 2024

Chapitre 2 - La Guerre Moderne : définition

Chapitre 2

La Guerre Moderne : définition


Dans ce chapitre, Trinquier nous parle de l'apparition de la guerre insurrectionnelle comme étant une nouvelle forme de guerre (dans la période 1945-61). Pas pour une dimension d'existence des insurrections armées, faits communs (entre autres dans les empires coloniaux, ou durant la seconde guerre mondiale avec les actions de partisans et franc-tireurs), mais comme articulation principale d'une guerre de moyenne ou grande envergure.

Indochine, Algérie, Malaisie, Palestine : la guerre n'est plus, d'après lui, un affrontement de deux armées conventionnelles à peu près équivalentes en capacités (mais pas forcément en moyens) et utilisant des combinaisons interarmes (sol, terre et mer).
La guerre devient non plus une question purement militaire, mais une question de combinaison de la force, de la psychologie et de la politique, pour renverser un régime et le remplacer par un autre.

Trinquier parle également de l'interdépendance entre nations - devenue entretemps mondialisation - menant à une circulation accrue des informations, et à la possibilité d'un conflit isolé à trouver un retentissement mondial, comme nous pouvons le voir actuellement avec, par exemple, Gaza et le conflit en Ukraine.

Chaque conflit secondaire peut donc (dans une dimension de guerre froide de l'époque) être représenté ou repris comme s'intégrant dans une multipolarité Est/Ouest, selon les besoins des personnes engagées.
On se souviendra par exemple de l'Indochine, où à partir de 1949 Ho Chi Minh saura attirer l'aide de la Chine et de l'URSS, qui déclenchera en réponse un soutien de la France par des Etats-Unis qui refusaient jusqu'alors de soutenir l'armée française, même indirectement.

Il critique ensuite les penseurs et stratèges militaires, qui se limitent à l'aspect militaire de la guerre, ignorant (volontairement ou par manque d'ouverture d'esprit) ses dimensions non-militaires. Pour lui, une armée ne peut gagner la Guerre Moderne qu'en s'engageant dans toutes ses dimensions : militaire, civile, politique, sociale, psychologique...
Il parle ensuite du manque d'étude de la guérilla après-guerre, et des moyens de la contrer. Les militaires se limitant souvent à noter les méthodes utilisées par les Allemands contre les maquis qui n'avaient eu aucune efficacité pour les stopper. Si tout le monde s'accordait à dire que les actions des partisans et franc-tireurs avaient gêné les allemands et aidé l'effort conventionnel des armées alliées, personne ne s'est occupé de savoir comment s'en prémunir, dans le cas où ces méthodes seraient utilisées contre nous.
La méthode principale étant l'utilisation (volontaire ou forcée) de la population. Trinquier cite même Mao : 

"Or, nous savons que le moyen essentiel pour vaincre dans la guerre moderne 
est de s'assurer l'appui inconditionnel des populations ; 
il est aussi indispensable aux combattants que l'eau au poisson" (p.6).


La guerre moderne, conclut-il, est celle d'une armée contre une organisation clandestine armée, dont le rôle principal est non pas de défaire une armée sur le champ de bataille, mais imposer sa volonté à la population (p.7).


Est-on dans une situation où un groupe conventionnel pense pouvoir battre une insurrection moderne avec des moyens dépassés ? Absolument.
Les partis Républicains, suite au changement de paradigme social et psychologique apparu avec les chaînes d'information 24/7 (1994 en France avec LCI) et les réseaux sociaux (surtout après l'arrivée de Facebook et Twitter à partir de 2006-07), ont pensé pouvoir continuer à communiquer sur leurs idées comme ils le faisaient précédemment.
Depuis des décennies, la politique de proximité se réduisait, et la communication n'était importante qu'en période de campagne, une fois tous les 5 à 7 ans selon le poste.

L'insurrection, cependant, a rapidement compris les possibilités qu'offrait la nouvelle communication : réagir à des faits divers qui tournent en boucle sur LCI ou BFMTV, être présent sur tous les réseaux sociaux sans distinction, de Twitter à TikTok, et surtout être toujours en train de dire quelque chose, vrai ou faux, pour exploiter les tensions internes du pays de façon constante, et élargir les oppositions entre les groupes internes.
Occuper le devant de la scène, et paraître à l'écoute face à des politiciens "à la papa", qui ne se présentent aux électeurs que pour les grandes batailles des élections, et sont le reste du temps à travailler, mais absents de la scène sociale et médiatique.
De même, l'interconnexion permet de faire circuler les informations (vraies ou fausses) à la vitesse de l'éclair, et polariser le moindre incident mineur (agression, violence policière, etc).

Une fois le problème de la montée de l'insurrection menée par le Rassemblement National détectée, les réponses ont également suivi le schéma rapporté par Trinquier :
- Aucune étude sérieuse de la menace, et des méthodes pour y remédier par les partis ;
- Abandon de terrain, en laissant les zones faiblement peuplées à la merci de l'insurrection, en se repliant sur les grandes métropoles, concentrant la communication et les programmes politiques sur les personnes y résidant ;
- Utilisation d'une "contre-guérilla", essayant de contrer pied-à-pied l'insurrection, et laissant donc toujours à l'ennemi l'initiative du terrain de l'affrontement ;
- Combattre avec les armes de l'ennemi, c'est-à-dire reprendre les théories et argumentaires des insurgés en espérant attirer à soi les électeurs "passés" au RN.

Toutes ces méthodes, comme le dit Trinquier, tentent de "résoudre rapidement le problème, sans même l'avoir posé".

En refusant d'étudier les raisons structurelles et psychologiques de la montée du RN. Les raisons structurelles et psychologique d'un désamour pour la chose démocratique, résumée par des taux d'abstention élevés et une représentativité des élus faible, menant à plus de corporatisme et à un cycle faisant toujours plus chuter l'adhésion démocratique et Républicaine.

LE POLITICIEN RÉPUBLICAIN DOIT ÊTRE DANS LA POPULATION 
COMME LE POISSON DANS L'EAU !


Lors des élections législatives de l'été 2024, le Rassemblement National (et ses alliés officiels et officieux, menés par Eric Ciotti et Eric Zemmour) a reçu un peu plus de 10 millions de votes (à un demi-million de voix de différences entre les deux tours, donc relativement stable).

Dix millions de votes, soit un peu plus d'un cinquième des inscrits (49 332 709).
Dix millions de votes, soit 15,4% des citoyens français (68 373 433).

L'insurrection n'est pas majoritaire en France.
Mais elle arrive à manipuler les citoyens et l'opinion, pour lui faire croire en sa majorité totale.
Elle est une organisation spéciale, de petite taille, mais prête à tout pour apparaître comme ayant le soutien de la population. De gré, ou de force. Par la propagande, ou par le terrorisme intellectuel.

Il ne tient qu'aux Républicains de tout bord (associations, politiques, société civile) de reprendre la main, et réduire l'insurrection, en utilisant des méthodes sur lesquelles nous nous étendront par la suite.

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