mercredi 10 juillet 2024

Première partie : la préparation à la guerre / Chapitre 1 - Une nécessité, adapter notre appareil militaire à la guerre moderne

Première partie : la préparation à la guerre

Chapitre 1

Une nécessité
Adapter notre appareil militaire à la guerre moderne


 

Vétéran du conflit sino-japonais, de la seconde guerre mondiale, d'Indochine et d'Algérie, Trinquier commence son ouvrage par un constat simple : les forces armées de la France d'après 1945 s’organisent et s'axent autour d'un combat purement conventionnel, destiné à affronter un ennemi near-peer dans un conflit symétrique.
Alors que les "guerres modernes" de l'armée françaises se font sous le signe de l'asymétrie, contre un adversaire qui se fond dans les populations et refuse systématiquement la bataille rangée, où sa capacité de combat inférieure serait rapidement éliminée.

"Nous dispersons en effet des bandes armées plus que nous les détruisons" (p.4)

D'après Trinquier, cette incapacité à s'adapter à un ennemi qui n'accepte pas le combat symétrique crée plusieurs problèmes majeurs :
- Un sentiment d'ennemi invincible, qui s'accrédite auprès de la population par l'incapacité d'une armée moderne à le battre. Sentiment retrouvé en Afghanistan.
- Développement d'idées fausses sur les actions de la France, comme au Sahel, où l'armée française a même été accusée d'aider les djihadistes qu'elle combattaient, les locaux étant incapables d'imaginer que l'armée française de 2020, avec tous ces moyens, ne puisse pas neutraliser des bandes armées uniquement équipées de fusils et de 4x4 Toyota.
D'après Trinquier, ces fausses idées sont faciles à diperser par propagande dans les populations civiles, les menant à une neutralité de fait qui les poussera à ne pas soutenir la République, et laisser faire les insurgés.


Les parallèles avec la situation actuelle en France sont faciles à trouver.
D'un côté, une République utilisant des moyens de communication surannés, à l'époque de la "post-vérité" et des faits alternatifs, diffusés en masse par des acteurs n'hésitant pas à exploiter le fonctionnement des réseaux sociaux et leurs algorithmes, et sur des agent du chaos* étrangers.
De l'autre, des groupes prêts à faire circuler tous les mensonges (distorsions de chiffres officiels, mensonges par omission, fausses nouvelles) et matraquer la population de faits divers sordides à longueur de journée pour faire monter leurs chiffres.

Ces méthodes antédiluviennes (datant d'avant le déluge des réseaux sociaux), combinées à une pensée politique complètement dépassée, qui se base sur des classes sociales qui n'existent plus dans leurs anciennes formes, et sur une séparation imaginée entre des zones géographiques et des classes d'âges données (jeunes contre retraités, ruraux, métropoles contre la "France périphérique"...) essayent de mener l'extrême-droite dans une bataille rangée qu'elle esquive, refusant même de débattre avec leurs opposants dans les circonscriptions (France Bleu, législatives 2024).


La capacité du RN à esquiver le combat de ligne tout en attaquant tous les jours via réseaux sociaux et médias 'traditionnels' donne deux images fausses :
- L'arrivée de Marine Le Pen au pouvoir est inéluctable, et donc le plus tôt serait le mieux, "pour s'en débarrasser". Arguant que l'extrême-droite, une fois au pouvoir, pourrait en être retirée facilement aux élections suivantes (le type de théories également développées par la droite Allemande de Von papen dans les années 30, avec le résultat que l'on sait) ;
- La République (et/ou le parti à sa tête) manipulerait les élections pour empêcher le RN de remporter une victoire qui lui est due, partant du principe que le candidat avec le plus gros score au premier tour est forcément victorieux au second dans une élection à deux tours.

"Nous ne devons donc plus nous laisser leurrer, et abandonner la lutte avant la victoire finale, car nous manquerions gravement à notre devoir. Nus livrerions des populations dans défense à des ennemis sans scrupules qui pourront les asservir à leur gré" (p.4)


Qu'on ne l'oublie pas : malgré la 'dédiabolisation', le Rassemblement National (et son allié de fait Reconquête, s'ils survivent après avoir étés saignés par Marion Maréchal) reste un parti anti-républicain, factieux, raciste, et une menace pour la France qui se targue d'assurer Liberté, Égalité et Fraternité à ses citoyens.
Face à leur insurrection, il est temps que les Républicains de tout bord mènent contre eux la Guerre Moderne, qui va plus loin d'un "barrage républicain", chancelant et lézardé de failles visibles de tous.



*Seront compté comme "agent du chaos" tous les acteurs qui appuient la circulation de fausses informations, non pas pour appuyer un parti spécifique, mais simplement pour créer le conflit et le doute chez les citoyens. L'Iran et la Corée du Nord sont coutumiers du fait. Si la Russie peut être considérée comme partie prenante dans les campagnes organisées par les partis d'extrême-droite en Europe, fournissant des moyens financiers et parfois techniques, ils ont également tendance à simplement agir en agents du chaos, pour brouiller les cartes lors de scrutins mineurs ou majeurs.

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