mardi 23 juillet 2024

Chapitre 4 - Le terrorisme, arme capitale de la guerre moderne

Chapitre 4

Le terrorisme, arme capitale de la guerre moderne


Nous passerons sur le chapitre 3, qui explique l'organisation de guerre du FLN en 1957, pour nous concentrer sur le chapitre 4 : le concept du terrorisme comme arme de guerre.

Trinquier considère le terrorisme comme étant une arme de guerre, utilisée pour séparer la population des autorités, par plusieurs moyens :


  • Le premier, donner un sentiment d'isolation à la population. Seul contre la violence, le citoyen se sent sans défense face à des attaques qui terrorisent son quotidien, et frappent de nulle part, à n'importe quel moment. Les cibles ne sont pas des symboles de la République, comme dans une guerre classique, mais la vie quotidienne des civils : magasins, restaurants, les rues où ils se promènent avec leurs enfants. La psychose déclenchée pousse les gens à rester terrés chez eux.
  • Le second, amener la rancœur envers l’État. La population, frappée chez elle dans son quotidien, a le sentiment lors d'une vague de terrorisme dont les forces de l'ordre et l’État sont incapables de la protéger. Des la combinaison avec des attaques contre les forces de l'ordre ou les services de la République enfonceront encore plus le clou : être proche de la République, c'est être une victime collatérale.
  • Le troisième est le rapprochement de force avec les insurgés : la seule manière de faire stopper la violence est de se mettre du côté des violents, c'est à dire des insurgés, voire même de rejoindre leur groupe. La propagande des insurgés présentera les choses de la sorte : les rejoindre, les soutenir, c'est l'assurance de la fin de la violence qu'ils déclenchent. Une propagande d'autant plus facile à utiliser lorsque les forces de l'ordre ou armées répondent au terrorisme par leur propre campagne de terreur aveugle.


Trinquier nous explique que le but du terrorisme n'est pas de frapper les forces armées, la police, ni même de tuer dans un but de dépouillement et de vol comme le feraient des bandits de grand chemin :
le terrorisme frappe le "ventre mou" du pays. Des cibles faciles à attaquer, qui n'ont aucun moyen de défense, sont toujours accessibles. Des gens normalement protégés par les lois de la guerre et par l'état.


De cette façon, le terroriste prend peu de risques lorsqu'il prépare son opération, car la cible est choisie spécialement pour sa vulnérabilité : terrasses de cafés, marchés à ciel ouvert, fêtes en extérieur, etc.

(NDR : selon la définition de Trinquier, les frappes russes en Ukraine sur des hôtels, hôpitaux et marchés, par définition non défendus, peuvent être qualifiées comme des actes de terrorisme)

Il continue en expliquant que, dans les zones peu couvertes par les forces de l'ordre et les services de la République, le terrorisme peut (et va) servir à supprimer l'emprise de l'état, en frappant en priorité les notables, les agents de l'état, les fonctionnaires territoriaux. Une fois l'emprise Républicaine supprimée, la population sera ralliée de gré ou de force. La population ralliée, les insurgés peuvent désormais se déplacer comme le poisson dans l'eau, et étendre leurs opérations aux secteurs voisins, en utilisant la même méthode.
Une surveillance des locaux sera mise en place, et les gens donnant des signes de non-ralliement punies durement, pour l'exemple.

Le terroriste est donc, pour Trinquier, à considérer non pas comme un criminel, mais comme un soldat. Cependant, il souligne que le terroriste, contrairement à un soldat ordinaire, refuse le risque, en frappant principalement des cibles sans défense. Il devra donc être traité comme un franc-tireur ou un aviateur abattu : interrogé pour connaître ses cibles, sa place dans l'organisation, ses contacts, pour pouvoir remonter le fil de son organisation le plus rapidement possible. Puis le terroriste, simple exécutant (NDR : en Irak et Afghanistan, les gens détonnant des véhicules piégés ou des vestes explosives étaient souvent de pauvres hères, qui faisaient ce 'travail' en échange d'une compensation financière pour leur famille) sera écroué jusqu'à jugement.

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Fait-on, dans la France des années 2020, l'objet d'une campagne terroriste de la part du RN, de ses troupes, d'organisations adhérant à ses idéaux ?

Réfléchissons à la définition de Trinquier :
-Frapper des gens sans défense chez eux ;
-Donner un sentiment d'isolation aux citoyens ;
-Créer une rancœur envers le pouvoir, son rejet, souligner son incapacité à protéger contre une menace, réelle ou imaginée ;
-Supprimer les notables ("élites"), les agents de l'état, les fonctionnaires ;
-Acquérir la population aux idées des insurgés par la force et par la peur ;
-Menacer d'exclusion, accuser de traitrise ceux qui refusent de plier ;
-Assurer que lorsqu'ils auront le pouvoir, l'ordre sera rétabli.

Si je prend la liste de façon franche et objective, tous ces éléments se retrouvent dans l'empire médiatique monté par Vincent Bolloré (Cnews, C8, JDD...) et d'autres médias 'mainstream'.
Certes, la violence et l'agression ne sont que verbales. Ne sont 'que' des mots.

Un TERRORISME INTELLECTUEL.

Présent partout, qui matraque les citoyens avec toujours des informations plus noires les unes que les autres, en présentant à longueur de page et de journée des faits divers sordides, appuyant sur le fait qu'ils pourraient arriver à n'importe qui, n'importe quand, car dans leur France de 2024, chaque coin de rue cache un "autre" (migrant, basané, noir, islamiste, gauchiste...), le couteau entre les dents, tuant les citoyens pour le plaisir.

Chez eux, les forces de l'ordre font leur travail, mais ce travail est sapé par un ennemi intérieur, l’État de Droit. 

Des juges qui remettraient en liberté les assassins par tombereau. Des associations 'wokes'* prêtes à tout pour faire relâcher des violeurs et des terroristes en puissance.

Les discours contre les supposées "élites", les diatribes de gens sortant de Science-Po ou de l'ENA contre tous les gens qui sont des intellectuels avec des idées différentes des leurs.

Argumentaire violent contre la fonction publique, faisant de la suppression de postes publiques, jugés "inutiles" une des priorités d'un futur nouveau gouvernement.

Répéter inlassablement les mêmes théories et histoires aux citoyens, en espérant les radicaliser contre les idées de Liberté, d’Égalité et de Fraternité présentes sur les frontons des écoles et des mairies à travers la pays.

Utiliser le concept de la trahison à toutes les sauces : lorsque des formations ont un débat démocratique, lors des alliances entre groupes politiques, dès que quelqu'un les accuse de chercher la dissension.


Et le Rassemblement National nous annonce, à chaque élection, que le porter au contrôle de la France rétablirai immédiatement l'Ordre (avec un grand O). Il suffit d'adhérer, il suffit de rejeter les préceptes de la République, et la violence qu'ils apportent quotidiennement dans la vie des français s'arrêtera.

A cela, on peut ajouter une réelle dynamique de terrorisme physique venue de mouvement d'extrême-droite en France : les 'ratonnades', les contre-manifestations violentes par des individus masqués dans certaines grandes villes, les projets d'attentats contre les services ou représentants de l'état par des groupes complotistes...

La France est victime, depuis des années, d'une campagne méthodique de terrorisme intellectuel, visant à avancer les pions de l'extrême-droite partout sur le territoire.
Au premier tour des élections législatives de 2024, nous avons vu le résultat : de gré ou de force, par la menace et la propagande, la carte de France s'est couverte de vert-de-gris.


Résultats du 1er tour des législatives 2024, en bleu foncé les circonscriptions avec RN, alliés et extrême-droite en tête des résultats. Pas très chouette.




*Woke : De l'anglais 'éveillé'. Terme lancé par les afro-américains pour parler d'égalité, d'altruisme et de compréhension entre les cultures et les gens. Utilisé par l'extrême-droite américaine et européenne comme raccourci pour définir tout ce qui n'est pas réactionnaire, et donc inadmissible pour eux.

"Woke", selon l'extrême-droite.

 

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