lundi 20 février 2023

L'entrée en guerre de la Biélorussie, ou l'Arlésienne orientale.

 Ces derniers jours, de nouveau, plane le spectre d'une attaque des forces biélorusses en Ukraine.

Cette invasion, annoncée depuis mars 2022, n'arrive pas, au plus grand étonnement de certains analystes occidentaux, et orientaux.

L'absence d'engagement de l'armée Biélorusse est effectivement étonnante, en surface. Les russes accusent l'Europe et les Etats-Unis de cobelligérance avec l'Ukraine, mais la Biélorussie est probablement le seul pays qui s'approche de la définition. En effet, les camps militaires biélorusses et le pays tout entier ont servi de lieu de préparation et de base arrière pour une partie de la force d'invasion Russe, avant et après le 24 février. Les forces de Moscou ont attaqué en direction de Kiev en allant au plus court, et ce plus court passait directement par la Biélorussie, qui ne s'est pas faite prier pour offrir ses routes, ses camps et ses voies ferrées à l'envahisseur.

Carte du MoD anglais montrant les axes d'attaque, donc certains passent par la Biélorussie.

De même, lors du repli des troupes russes de la région de Kiev début avril, nombreuses ont été les unités russes qui sont passées par la Biélorussie, et les soldats russes empoisonnés après avoir creusé des emplacements dans la "Forêt Rouge" de Tchernobyl ont étés envoyés à l'hôpital de Minsk.

Le soutien de la Biélorussie à l'invasion russe n'est donc pas à démontrer.
Cependant, malgré les annonces des deux côtés de la frontière, l'armée biélorusse ne se matérialise pas. Elle reste l'arme au pied, dans ses casernes.
Elle ne manque pas pour autant de nous montrer des vidéos où ses soldats forment des pyramides, sautent à la corde (avec la corde en feu), ou se cassent des briques sur le crâne. Tant de démonstration qui, si elles seraient impressionnantes sous le chapiteau de Pinder ou au Cirque d'Hiver, entre les tigres et le trapèze, n'ont aucun intérêt pour une force armée.

Alexandre Loukashenko dévoile la carte de l'invasion russe à la télévision, le 1er mars 2022 / Daily Beast
 
Alors, si la Biélorussie se pense si forte, et si les liens sont si serrés avec le Kremlin, pourquoi ne pas se joindre à la guerre ? Après tout, Alexandre Loukashenko, président "élu" de la Biélorussie, a affiché son soutien à Vladimir Poutine plus d'une fois.
Nous l'avons vu, la Biélorussie sert de base arrière à la Russie, et a également été utilisée pour le lancement de missiles de croisière sur les villes ukrainiennes.
Certaines sources ont également mentionné que la Russie fait ses "courses" en Biélorussie, chargeant des véhicules anciennement sous cocon (dont nombre de T-72) pour les transférer à ses propres troupes. La Biélorussie a également tenu des exercices avec la Russie, en janvier 2022 (qui ont servi de couverture pour la mise en place de l'invasion), en octobre, puis en janvier 2023.

La menace d'offensive suite a de nouveaux exercices en Biélorussie en octobre 2022 / Le Point

Les raisons de cette arlésienne Biélorusse ne manquent pas.
  • L'armée biélorusse n'a aucune capacité de combat
La Biélorussie est un satellite de la Russie, membre du CTSO. Le Kremlin de Poutine a dit, et démontré maintes fois, qu'il ne laissera pas ses vassaux tomber aux mains de l'UE ou de l'OTAN.
Et il sait pertinemment que ni l'UE, ni l'OTAN n'utiliseront la force pour s'imposer. Les deux organisations travaillent selon un schéma de bienveillance.
Le meilleur moyen de maintenir un pays dans le giron russe est donc de maintenir son armée sous les capacités de l'armée russe. Il suffit de regarder l'Ukraine pour s'en convaincre : avant 2014, malgré des dépenses élevées dans son armée, l'Ukraine gardait une capacité de combat très inférieure. C'est la principale raison pour laquelle la Crimée et une grande partie du Donbass et Luhansk sont tombés aux mains des russes (car nous savons tous que les "indépendantistes" n'en sont pas) en 2014-2015 : le maintien des forces ukrainiennes à un niveau très inférieur, pour assurer leur défaite au cas où le pays se refuse à la Russie.
L'armée Biélorusse est dans le même état : ses équipements étaient déjà datés à la chute de l'URSS, et n'ont pas vraiment évolué depuis. Et si la Russie n'arrive pas à avancer face aux Ukrainiens, quel espoir a la Biélorussie?
  • Loukashenko craint la réaction de la population, et de l'opposition
Dès le déclenchement du conflit, une partie de la population biélorusse a activement ou passivement saboté l'effort russe. Sabotages des lignes ferrées pour bloquer la logistique, partage des mouvements sur les réseaux sociaux...
La population biélorusse ne suit pas son chef. Elle s'était déjà rebellée en 2020 après les dernières élections truquées, la situation n'est pas assez stable pour que le Lider Maximo (qui se réclame dernier dictateur d'Europe)se prive d'une force armée qui lui permet de maintenir diverses forces d'opposition "dans le droit chemin".
  • La frontière ukrainienne n'est pas praticable
Suite au retrait russe de la région de Kiev, les ukrainiens ont, logiquement, fortifié la frontière.
Si en janvier 2022 elle se limitait à des postes de garde et un peu de barbelé, aujourd'hui la donne n'est plus la même.
Le gouvernement Biélorusse s'est d'ailleurs plaint que les ukrainiens avaient détruit tous les ponts connectant les deux pays.
Les Biélorusses sont conscients que la frontière est désormais un immense champ de tir. Avec 10 mois de calme dans le secteur, les ukrainiens ont probablement repéré et cartographié toute les approches possibles et imaginables, créé des glacis et des entonnoirs, et minés les axes que les véhicules pourraient encore emprunter.
Les forces tentant de traverser la frontière se retrouveraient donc face à une défense bien préparée, et ne pourraient entrer en Ukraine qu'après de lourdes pertes.
L'armée biélorusse, qui ne comprend même pas 60 000 hommes d'active, équipés de matériels largement dépassés, ne durerait probablement pas longtemps dans ce type d'offensive.

Loukashenko, équilibriste ou pitre? / Twitter

Contrairement à ce que l'on pourrait penser de lui en écoutant/lisant ses interventions, Alexandre Loukashenko n'est pas un sombre crétin. A l'époque soviétique, il monte pas à pas les marches vers le pouvoir suprême biélorusse. Elu pour la première fois à la tête de l'état en 1994, il a réussi à se maintenir jusqu'à aujourd'hui, en 2023. Certains universitaires russes avancent même qu'il a été pressenti pour la présidence Russe, avant de se faire voler la vedette par un certain Vladimir Poutine.
Il a également, contrairement à son homologue russe, placé ses pions pour un maintien à la tête du pays après sa mort. Il entend fonder une dynastie (aspiration compréhensible venant d'un homme né d'un père inconnu), et veut donner les clés su pays à son troisième fils, Nikolaï.
Difficile de céder le pays à sa progéniture s'il se retrouve renversé, ou pire.

Il utilise donc ses talents de politicien et comique troupier pour se maintenir aux rênes du pouvoir. Il en fait juste assez pour ne pas attirer l'ire de son maître du Kremlin, mais pas assez pour que l'Ouest décide de lui mettre des bâtons dans les roues en soutenant réellement l'opposition, intérieur comme extérieure.

Les paris sont donc ouverts : La Biélorussie finira-t-elle par réellement s'engager dans le conflit, ou son "chef" réussira-t-il à ménager la chèvre russe et le chou ukrainien ?

Seul l'avenir nous le dira.

vendredi 17 février 2023

"Ce qu'il se passe en Ukraine, t'en penses quoi ?"

Le problème, quand on s'intéresse à la chose militaire, c'est que les gens s'en rendent compte.

Et du coup, quand il se passe des choses "militaires" qui nous impactent, des questions sont posées.

Pas toujours de façon habile, mais qui pourrait le condamner ? La majorité des gens ne savent pas quelle question poser, et les réponses ne sont pas simples non plus.


La question d'origine, en février 2022, était : "La guerre en Ukraine, t'en penses quoi ?"

Et la réponse, depuis février 2022, est : "ça dépend".

Seulement, ça dépend, bah ça dépasse...

Une guerre, ça n'est pas un blob homogène, qui s'explique, ou s'analyse, en deux phrases. Les guerres terminées depuis plus d'un siècle sont encore sujettes à débat, y compris chez des gens qui sont du même avis. Donc une guerre encore en cours, c'est compliqué.

Après, on peut dire que la guerre, c'est mal. C'est bien, mais ça ne fait pas avancer le schmilblick.

Tout d'abord, qu'on s'accorde sur une chose : je suis un militariste, mais pas un belliciste. Je suis pour une armée puissante et bien entraînée, mais aussi pour qu'elle ne serve pas à envahir les autres sous des excuses fallacieuses, comme celle de la langue parlée, par exemple, qui a le vent en poupe (comme dans les années 30). Donc la guerre, personnellement, je ne trouve pas ça drôle. Je n'ai pas étudié une guerre qui ait fait marrer qui que ce soit, surtout ceux qui sont revenus les pieds devant. Je n'ai pas parlé à un seul soldat ayant fait la guerre (la vraie, où l faut tirer sur des gens qui vous tirent dessus en retour) que ça ait fait rire.

Malheureusement, nous sommes des animaux, et les animaux se foutent sur la gueule régulièrement, pour des raisons qui leur sont propres, et qui leur paraissent super sérieuses sur le coup. Même si elles peuvent paraître idiotes plus tard. Ce n'est pas pour rien que Brassens chantait :

Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente,
D'accord, mais de mort lente

Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain

 

Mais revenons à l'Ukraine, et au thème : l'Ukraine, j'en pense quoi ?

  • La guerre en Ukraine, évitable ?

Pour commencer, malheureusement, j'en pense que c'est une de ces choses que je voyais, personnellement, comme inéluctable, mais sans empressement de nous trouver dedans. Et les louvoiements politiques des années 2014 à 2021 trouvent leur origine, je pense, dans cette sorte de pensée magique. On s'imaginait pouvoir jouer la montre, et que l'empereur des Russes irait passer l'arme à gauche avant de se souvenir qu'il aime à imposer son opinion sur ses voisins, par la force de préférence.

C'était tellement inéluctable qu'il était nécessaire de blaguer sur le sujet, comme l'atteste cette saisie d'écran du 23 février 2022, tard dans la soirée :

Bonne blague à faire juste avant le déclenchement d'une guerre.

 

Et la surprise, en se levant le lendemain...

Notre "there will be peace in our time", c'est de n'avoir rien fait lorsque les russes ont envahi, de nouveau, la Tchétchénie. La Géorgie en 2008. L'Ukraine en 2014. Au contraire, jusqu'en 2015, on a fait pire que ne rien dire : au lieu d'isoler la Russie (contrairement à ce que sa propagande essaye de nous faire gober), on est allés leur vendre à manger, à boire, des équipements de haute technologie, on a investi chez eux. On a pensé, de façon collective, que si on les traitait comme des amis, ils nous traiteraient également comme tels.

Qu'en tant que gens civilisés, nous nous devions de les traiter comme des gens civilisés.

Même quand ils pourrissaient nos élections.

 

l'Ukraine, j'en pense quoi ?

  • Humainement

Au-delà du reste, l'humain reste au centre de la guerre.

Pour commencer, ceux qui souffrent depuis 2014, et la première invasion russe. Celle des petits hommes verts, des "gens polis". Des "indépendantistes", ces soldats russes déguisés en Ukrainiens, qui créent une guerre avant d'aller se plaindre que ça tue des civils.

Puis, depuis février 2022, les milliers de civils morts. Les déplacés. Les déportés. Les enfants envoyés en rééducation.

Puis, tous ceux qui, de civils, ont dû devenir militaires, et sont morts au front, en défendant quelque chose. Leur pays, leur famille, leur ville. Leurs idées. Leurs idéaux.

La guerre en Ukraine est une tragédie. Pour les ukrainiens, envahis par une puissance hostile.


l'Ukraine, j'en pense quoi ?

  • Ma vision pré-invasion

Je ne ne vais pas me voiler la face, je fais partie de ceux qui pensaient que les russes allaient avancer comme dans du beurre, sur la première centaine de kilomètres.

Songez, l'armée russe ! Un million d'hommes au bas mot. Du matériel (relativement) moderne. Des stocks à ne plus savoir qu'en faire. La propagande le disait haut et fort. Et si la Syrie était un mauvais exemple de la maîtrise du combat par l'armée russe, ça restait une armée de premier ordre.

Donc, dans mon scénario personnel du 24 février, les russes allaient avancer relativement vite jusqu'à ce que les ukrainiens puissent se rattraper, puis être obligés de s'arrêter pour consolider leurs acquis. Le gouvernement et commandement ukrainien irait se replier dans les Carpates, faciles à défendre, et on allait voir se développer une guerre hybride, avec une ligne de front potentiellement gelée sur une ligne Odessa-Kyiv-Lviv (grosso modo), et un pourrissement d'une occupation russe inadaptée. Une défaite sur 10-15 ans de combats de basse intensité.


l'Ukraine, j'en pense quoi ?

  • La réalité militaire

La réalité, c'est que les russes n'ont jamais réussi à consolider leurs acquis. Spécialement dans le Nord, d'où ils se sont retirés fin mars.

Avancée maximale de l'armée russe, source War Mapper sur Twitter

Bien entendu, comme beaucoup, à partir du 24 je suis scotché sur les réseaux, qui nous passent l'Ukraine en boucle. Je reconfigure mon compte Twitter pour me limiter aux nouvelles d'Ukraine. Je trouve quelques têtes de pont comme le britannique Mike Martin (@ThreshedThought) ou le général australien Mick Ryan (@WarintheFuture), qui me mènent à leur tour vers des analystes ou des comptes sérieux. Comme tout un chacun, je m'abonne à Oryx (@oryxspioenkop), pour suivre les pertes des deux côtés.

Et très rapidement, des éléments étranges commencent à apparaître.

Tout d'abord, ce sont des photos et vidéos de soldats russes. Ils ont étés abattus alors qu'ils mangeaient. Le moteur de leur camion ou BMP tourne encore. Ils déjeunaient tranquillement, hors de leurs véhicules. Ils ne semblent pas avoir posté de gardes. Les véhicules sont isolés.

Ce type de vidéo apparait une fois, puis deux, puis une dizaine de fois. Les troupes russes, en terrain ennemi, ne pratiquent aucune sécurité. Les véhicules logistiques et les ouvreurs (BMP, BTR, Iveco LMV...) semblent se déplacer de façon isolée, sans protection. Ils se comportent comme s'ils avaient déjà gagné, et que le pays leur était acquis.

Puis arrivent les "vraies" attaques. Les convois en cours de ravitaillement qui sautent. Les camions logistiques en convois qui sautent. Clairement, les russes n'ont pas sécurisé leurs arrières. Mais pire, les ukrainiens semblent l'avoir prédit, et laissé des unités derrière les lignes (ce qui se confirmera plus tard).

BM-21 russe en feu, 1er mars 2022

Arrivent ensuite les pannes d'essence. Les russes stoppent leur offensive, car ils n'arrivent pas à faire suivre le ravitaillement. Cela peut se comprendre pour une armée qui avance rapidement, et a été le cas plus d'une fois lors de la seconde guerre mondiale, mais pour une armée sensée s'être préparée à prendre un pays aussi grand que l'Ukraine en moins d'une semaine ? Se reposer sur les station-services civiles pour faire le plein d'un bataillon de T-72 est un peu optimiste.

Et, sur le front, les choses ne se passent pas aussi bien que décrit. Si les T-64 ukrainiens semblent relativement absents suite aux attaques d'hélicoptères des premiers jours, il semble qu'il y a une arme anti-char derrière chaque brin d'herbe.

Tourelle de T-72 dans un champ, 25 mars 2022

Les ukrainiens réussiront également quelques coups de com' pas piqués des hannetons, comme l'affichage des captures de matériels russes, souvent tirés par des tracteurs agricoles.


John Deere ukrainien tractant un poste SAM russe (Buk) lors de la première phase de la guerre

Les matériels russes, de conception relativement dépassée, montrent également leurs limites.

BMD-4 russe. Dû à sa coque en aluminium et son canon à carrousel, le BMD-4 tend à finir en flaque une fois touché...

 

La suite, on la connaît : les russes se retirent du Nord de l'Ukraine. Puis ils reculent au sud et au centre-est.

Aujourd'hui, ils appuient le trait sur des zones où leurs pertes sont élevées (certains rapportent 700 à 1200 morts par jour), probablement dans le but de gagner un peu de terrain, pour le premier anniversaire de l'invasion.

Les défenses anti-aériennes Buk et S400, sensées être les meilleures du monde, ont été plus d'une fois traversées par les ukrainiens, jusqu'à des frappes sur des bases de bombardiers stratégiques.

La flotte de la Mer Noire a perdu du matériel lourd, face à un ennemi qui n'a pas de marine militaire.


De son côté, l'Ukraine a tenu le choc. Ils ont reculé là où ils le devaient, et gardé la maîtrise là où ils ne pouvaient pas se permettre de reculer.

Ils ont absorbé le matériel occidental à une vitesse élevée.

Leurs offensives ont bousculés les russes avec une relative facilité, montrant qu'ils savent attaquer là où l'ennemi n'est pas préparé, et saisir les opportunités.


l'Ukraine, j'en pense quoi ?

  • Et nous, dans tout ça ?

Certains se questionnent sur eux-mêmes.

Et nous, devrait-on souffrir pour les Ukrainiens ?

Mais, souffrir de quoi ? D'un degré de moins dans nos chaumières ? De carburants plus chers ? D'avoir des gens qui mettent la pâté aux russes, et que ça ne nous coûte rien, à part des matériels destinés à la ferraille, pour leur majorité ?

Qu'on ne se voile pas la face : la guerre en Ukraine, à l'échelle des choses, ne nous coûte rien. Nous ne l'avons pas déclenchée, nous n'y avons pas d'hommes ni de femmes. Les bombes ne tombent pas chez nous.

Elle a lieu, qu'on le veuille ou non. La paix serait mieux, c'est sûr. Mais sommes-nous peureux au point de l'imposer à 41 millions (et des poussières) d'êtres humains, contre leur gré, pour notre petit confort personnel ? J'ose penser que les idéaux français sont au-delà de ça. Qu'on pourra se permettre un peu d'inconfort pour permettre à tout un peuple de rester libre, au prix de leur sang.


A bientôt pour la suite.

mercredi 15 février 2023

Le retour ?

En mai 2007, je créais un blog, dans le but de regrouper les informations que je ramassais à travers rencontres, lectures et salons.

En décembre 2010, jeune idiot que j'étais, ayant écrit quelques piges pour RAIDS, je pliait mes gaules et abandonnait le projet aux limbes.

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, il y a presque un an maintenant, je me dis que mes élucubrations stratégico-techniques devraient être rendues accessibles au plus grand nombre, parce que mon Ego est comme ça.

Et puis, aujourd'hui, je me suis souvenu que je possède un blog. Du coup je l'ai cherché, et par miracle, il est toujours en ligne, archives et tout.

Du coup c'est la rentrée des classes. Après un poil plus de 11 ans à se perdre dans divers jobs, on va revenir aux sources.


Le principe va très légèrement changer. Pour commencer, on va faire moins général, et se concentrer sur le conflit qui mets la zone à l'est de notre riant pays : l'Ukraine. Je vais aller racler tous les trucs que j'ai raconté sur Twitter, au grand dam de ma poignée d'abonnés, remettre ça en page, et poster ici.

Ensuite, eh bien... on verra.

Probablement un peu plus d'opinions, un peu moins de recherche de l'objectivité. Quelques coups de gueule.

Un peu plus d'humour, ça ne fait jamais de mal.


Donc voilà, du coup. A priori, je suis de retour. Il fallait au moins un conflit majeur en Europe pour ça. On dit merci Vladimir ?




jeudi 23 décembre 2010

7,62 Vs 5,56 ? Pourquoi ?

Le débat existe au moins depuis que les américain ont forcé l'OTAN à adopter le 7,62x51mm T65 : la meilleure munition est-elle le 7,62 OTAN ou le 5,56 OTAN ? Le premier a été dérivé du .30-06, munition créée à l'origine pour tirer d'une tranchée à l'autre en semi automatique depuis un fusil, ou en automatique avec des armes collectives. Le second a été créé pour être tiré en automatique sur des cibles mouvantes dans le cadre de combats de rue.

Les arguments pour l'adoption du 5,56x45mm OTAN (SS109/M855) étaient clairs : munition plus légère, permettant aux soldats de transporter une quantité de cartouches plus élevée. Cela à été prouvé dans le cadre d'exercices qui montrèrent qu'un peloton de 8 soldats équipés de XM16 avec des chargeurs de 20 cartouches avaient un avantage clair sur 11 soldats équipés de M14 avec chargeurs de 20 cartouches ; le recul est moins élevé, permettant aux soldats de tirer en automatique, chose quasiment impossible avec un FAL, un G3 ou un M14, les deux premiers ayant d'ailleurs été développés à l'origine pour des calibres moins puissants (.280 british, .30 Carbine, 7,92x33 Kurz...).

Cependant la munition 5,56mm a monté ses limites en Afghanistan, où les engagements se font à des distances élevées. Pour pallier à ce problème, les forces de l'OTAN se sont dotées de nouveau de fusils chambrés pour le 7,62mm OTAN. A grand renfort de HK417, Mk17 SCAR-H, Mk14 et autres SR-25 et dérivés, l'ISAF a repoussé les limites de ses armes individuelles, déployant de nouveau des armes de 7,62mm compactes et non destinées au tir longue distance uniquement. De même les Minimi ont plus ou moins disparu, remplacées par des mitrailleuses légères chambrées elles aussi en 7,62mm.

Et les retours des troupes sur le terrain sont assez positifs, mis à part quelques détails : les munitions sont lourdes et encombrantes, faisant que les soldats se retrouvent à court de cartouches plus vite qu'avec les fusils en 5,56mm. Et enfin, le recul est trop élevé pour tirer efficacement en automatique avec les fusils d'assaut.
Loin de moi l'idée de critiquer la décision des hauts commandements : la réintroduction d'une munition puissante est une bonne idée. Cependant ils auraient dû se douter que les problèmes rencontrés précédemment avec le même calibre allaient refaire surface. Les changements de plateformes ne vont pas modifier les spécificités de la munition.

Mais à priori personne ne veut passer le pas, et développer une nouvelle munition intermédiaire entre le 7,62mm et le 5,56mm.
Une munition qui pousserai moins sur l'épaule du tireur que le 7,62mm , mais aurait plus de portée et d'efficacité que le 5,56mm. C'est tout à fait possible, puisque cela existe dans le civil. De plus en ce début de XXIe siècle, ne serait-il pas une bonne idée de reprendre l'idée d'unification des munitions datant du début du XXe siècle ? Ce concept qui avait mené l'armée française à n'utiliser qu'une seule munition "full power", le 8mm Lebel, qui alimentais toutes les armes longues : fusils, fusils-mitrailleurs et mitrailleuses lourdes.
Ne serait-il pas plus simple, plutôt que promener toutes ces munitions différentes, de créer une cartouche intermédiaire, une sorte d'équivalent du .280 British (avec une ogive entre 6 et 7mm), qui pourrait alimenter à la fois les fusils d'assaut et les mitrailleuses polyvalentes.
Et étant donné la quantité de fusils d'assaut de tailles variées développés autour du 7,62 OTAN, il ne serait même pas nécessaire que la nouvelle munition tienne forcément dans un AR-15.

jeudi 5 août 2010

Info - Monkeys, guns and trunks

Vous avez probablement entendu l'information suivante : les rebelles afghans entraînent désormais des singes a attaquer les forces de la coalition (ISAF) avec des armes automatiques. Mon avis - et visiblement celui de la communauté scientifique qui dénie toute véracité à cette 'news' - est que donner des fusils d'assaut à un groupe de singe ne peut finir que d'une seule façon : avec beaucoup de singes morts dans les camps d'entraînements.

Mais cependant c'est une occasion de revenir sur un autre singe : le 'trunk monkey' (littéralement singe de coffre).
L'expression a fait du chemin depuis son apparition, pour finir dans le domaine militaire.

Tout commence en 2000, lorsque Sean Sosik-Hamor invente la première itération du trunkmonkey pour NESIC (New England Subaru Impreza Club). Le trunk monkey est un singe (en peluche) placé dans le coffre des voitures, qui devient vivant lors des manoeuvres à haute vitesse, et se déplace dans le coffre pour changer l'équilibrage de la voiture.
En 2003, la société publicitaire R/West (Portland, Oregon) reprends le concept pour une série de vidéos promotionnelles pour le Suburban Auto Group (Sandy, Oregon). Dans les clips vidéos, le trunk monkey est une option automobile consistant en un singe (chimpanzé) vivant dans le coffre de la voiture, et effectuant à la pression d'un bouton (ou au déclenchement de l'alarme) des tâches diverses telles que : vous débarrasser d'un gêneur, des voleurs de voitures, d'envahisseurs extraterrestres, ou pour surveiller votre fille lorsqu'elle sors avec son petit ami...


Bien entendu, n'importe quel concept absurde sorti du civil finis par avoir un sens dans le monde militaire. Sont donc apparus le 'tactical trunk monkey' et ' militarytrunk monkey', qui désignent tout deux la personne qui fait la couverture arrière d'un convoi militaire. En effet, étant dernier du convoi, il a l'honneur et l'avantage de passer son temps dans le coffre du véhicule de queue (dans les vans et tout-terrains).

'Trunk monkey' dans un convoi de sécurité privée en Irak

samedi 26 juin 2010

News - No more SCARs

Après quasiment six années de développement, une année complète de tests sur le terrain et six versions du SCAR-L (SOCOM Combat Assault Rifle - Light), ou Mk16, est abandonné par le SOCOM. Seul le SCAR-H et le SSR sont encore au budget pour l'année fiscale 2011, car le Mk16 est considéré comme n'étant pas une priorité, n'apportant - selon les utilisateurs - que peu par rapport à l'arme qu'il étais sensé remplacer sur le terrain, le Colt M4A1.

FN SCAR-L ou Mk16 Mod0 équipé du lance grenades Mk13

Produit par FN USA, pendant américain de la Fabrique Nationale de Herstal belge, le SCAR a été créé à l'origine à la demande du Naval Special Warfare Command, composante Navy du SOCOM. Développé par et pour les forces spéciales en vue du remplacement du M4A1, le SCAR s'est ensuite divisé en deux familles, le SCAR-L en 5,56x45mm OTAN et le SCAR-H en 7,62x51mm OTAN. Le SCAR-H a ensuite été dérivé en Mk20 SSR (Sniper Support Rifle) équipé d'un garde main et d'un canon plus longs.

Les Mk17 et SSR restent au catalogue des commandes pour 2011, car ils sont considérés nécessaires pour combler le besoin d'unité dans les armes automatiques et semi-automatiques utilisées par le SOCOM, en remplacement des M14, SR25, FN FAL et dérivés en utilisation pour jusqu'à l'arrivée du Mk17 en 2009.

Les 850 Mk16 Mod0 déjà livrés continueront à être utilisés en opérations, mais devront être reversés aux armureries à chaque fin de tour, pour être utilisés par l'unité suivante. Les soldats devront se contenter des M4A1 et éventuels HK416 disponibles dans leurs unités pour l'entraînement.
La fin du programme SCAR-L est particulièrement difficile pour les SEALs du NSW, qui ne touchent pas leurs armes individuelles par le biais de leur branche (US Navy) - contrairement aux autres composantes du SOCOM - mais directement par le Special Ops COMmand lui-même.


Certaines sources chez FN USA font état d'un projet de nouveau lower receiver avec puits interchangeables, permettant aux soldats de passer les Mk17 de 7,62mm à 5,56mm plus facilement que par le remplacement complet du lower comme c'est le cas aujourd'hui.

vendredi 25 juin 2010

Info - Hilux et conflits armés

Toyota Hi-Lux et conflits armés

Dans la tête des spécialistes des véhicules tactiques, Toyota Hilux a toujours été synonyme de conflits armés au in fond de l'Afrique. Les pick-ups japonais, particulièrement les Hilux de Toyota réputés invincibles - et à raison, comme prouvé par cette petite vidéo réalisée par l'équipe de l'émission britannique Top Gear - ont été la monture préférée des rebelles et militaires de tout poil dans les pays du tiers monde depuis les années 70, et mainte fois utilisés par les africains comme plateforme pour les 'Technicals', ces véhicules tout-terrains équipés localement d'armes collectives sur affût.


Rebelles montés sur un 'Technical',
Toyota Hilux équipé d'une mitrailleuse russe DSHk

Des centaines de Hilux ont même été fournis gracieusement à l'armée tchadienne en 1987 durant l'offensive contre l'armée lybienne, et utilisés comme cavalerie légère grâce au montage d'armes automatiques et de postes anti-chars sur la benne. Les Hilux permettront même, pendant la bataille de Fada, de traverser les champs de mines à des vitesses élevées (au delà de 100km/h) sans les détonner. Le Times appellera même le conflit Tchad-Lybie "great toyota war".

Dans un passé plus proche de nous, le Hilux se démarquera comme principal véhicule tactique des forces Talibanes et de l'Alliance du Nord lors des conflits ethniques de la fin des années 90 en Afghanistan, permettant aux utilisateurs de se déplacer rapidement, et amplement chargés, sur le réseau routier local,d'une qualité douteuse car jamais entretenu après le départ des russes dans les années 80.


Toyota Hilux 7e génération (2005) utilisé par les hommes du 5th Special Forces Group (US SOCOM/ARMY) en Afghanistan. en plus du matériel classique emporté par une A-Team, les soldats ont monté une M240B équipée d'une lunette jour/nuit PVS-10 sur affût dans la benne.

Lors de l'Opération Enduring Freedom (OEF), les forces spéciales américaines seront fournies sur le terrain en HiLux, tout d'abord grâce à un programme de leasing (location longue durée) de Toyota USA, puis par la fourniture gratuite de 100+ véhicules directement par le quartier général de Toyota, avec comme seule condition l'interdiction de recouvrir les logos Toyota et Hilux présents sur les véhicules.
Encore aujourd'hui, le Hilux est largement utilisé par les troupes Afghanes, les forces spéciales américaines et nombre d'armées asiatiques, africaines et sud-américaines, ainsi que par un grand nombre d'entreprises de sécurité privées.


Toyota HiLux Gen7 blindé de la MNU dans District 9

Un clin d'oeil cinématographique est fait à l'utilisation tactique du Pick-Up dans le film de Peter Jackson District 9 (2009), où les mercenaires de la MNU utilisent comme véhicules principaux des Mamba Sud Africains (produits par BAe Systems) et des Toyota Hilux blindés.

Cependant le concept de Hilux blindé est une réalité aujourd'hui, avec le dernier véhicule tactique de ACMAT : l'ALTV (All-wheeled Light Tactical Vehicule).

ACMAT All-wheeled Light Tactical Vehicule

L'ALTV est une reprise de la plateforme 7e génération Hilux, modifiée pour l'adapter à une utilisation militaire. le capot moteur est renforcé (protection balistique B4+/classe III) pour protéger les organes vitaux du véhicule, la benne est modifiée pour intégrer des ridelles et alléger lamasse totale. Les principaux éléments Toyota restent présent dans le véhicule, avec la boite 6 vitesses, la boite de transfert, le blocage mécanique des différentiels, la climatisation et la direction assistée. La mobilité tout-terrain est améliorée par la présente de roues 'anti crevaison' dotées d'un disque plastique, permettant de rouler avec les 4 pneus à plat.


ACMAT ALTV "stripped down"

L'ALTV est disponible en trois versions : standard, avec capot moteur blindé et cabine classique double ou simple, standard blindé, avec une protection B4+ 360° au niveau de la cabine, et en version "stripped down" sans cabine rigide et sans portières.
L'ALTV est propulsé par le standard Hilux, un moteur 2.5L Turbo Diesel Toyota de 170 chevaux et de 400 N.m de couple.

Planche de bord de l'ALTV.
On reconnais bien le design Toyota au niveau des bouches d'aération.


14/11/10 : Comme on me l'a justement fait remarquer, l'ALTV est basé sur le Nissan Navarra. Cependant cela n'enlève rien au fait que c'est une application du concept de "technical" prouvé sur le terrain ces dernières années par les pick-ups de Toyota.

lundi 3 mai 2010

News - Nouveau record pour un kill-shot, 2,47 km

Craig Harrison, tireur de précision dans le Household Cavalry (unité protégeant, entre autres, Buckingham Palace), a réalisé deux tirs à 2470 mètres en Afghanistan, chacun des tirs tuant un taleb. D'après Harrison, les deux hommes prirent son convoi à parti avec une mitrailleuse russe PKM.
Dans des conditions idéales (absence de vent, température fraîche, visibilité excellente) et aidé par Cliff O'Farrell - conducteur de son véhicule - comme spotter, il a identifié et neutralisé à l'aide de son fusil L115A1 les deux tireurs, en commençant par le servant de la mitrailleuse, puis par le pourvoyeur qui avait remplacé le tireur derrière la PKM.

Accuracy International L115A1,
réglementaire dans l'armée britannique, calibre .338" Lapua Magnum


Le tir est d'autant plus épatant que le précédent "recordman", le Canadien Robert Furlong (2 tirs à 2430 m) utilisait un McMillan TAC-50 en calibre .50" BMG (12,7x99 mm), d'une portée "pratique" de 2000 m, alors que le .338" Lapua Magnum utilisé par Craig Harrison a une portée "pratique" donnée de 1600 m.

Source

mardi 16 mars 2010

News - Un Luger à un demi million de dollards

Dimanche dernier, un pistolet Luger est parti aux enchères à 494 500 US$. Pour le pistolet seul, avec un unique chargeur. Si cela vous semble élevé, c'est normal.
Contrairement à un Luger Parabellum P-00 Suisse en 7,65x22mm Para, ou un P-08 Allemand 9x19mm Para, le modèle à un demi million de dollars (américains) est une version en calibre .45" ACP (Automatic Colt Pistol), produit à une petite dizaine d'exemplaires par DMW (Deutsche Waffen- und Munitionsfabriken) pour un certain programme de remplacement du pistolet de service de l'US Army, qui mènera à l'adoption d'un certain design de John Browning produit par Colt MFG, et appelé Colt Government ou M1911.
Et si le Luger Parabellum 5 pouces en .45ACP est peu commun et coûteux, la version carabine à canon 8 pouces, produite à un seul et unique exemplaire par Georg Luger lui-même, vaux au cours actuel deux fois le prix de la version standard, soit un bon million de dollars.

samedi 13 février 2010

News - Now witness the firepower of this fully armed and operational battle station

Il y a deux jours à été testé avec succès le systeme de tir destiné à être monté sur le Boeing 747 YAL-1, communément appelé "Airborne Laser".
Destiné à devenir une plateforme anti-missile mobile, le YAL-1 est en développement depuis 2002, et a intercepté avec succès un missile SCUD le 11 février en Californie.

Le laser (Solid State Electric Laser) est dans la classe mégawatt, beaucoup plus puissant que les lasers testés avec succès jusqu'à présent sur les AC-130 et les postes anti aériens Laser Avenger.
La tourelle du YAL-1 utilise tout d'abord une série de lasers basse puissance pour verrouiller la cible, mesurer sa distance, sa vitesse et les variations atmosphériques pouvant déformer le laser d'interception. Une fois toutes ces données calculées, le laser d'interception se déclenche et chauffe me corps du missile jusqu'à ce qu'il se désintègre. Entre l'acquisition et la destruction du missile SCUD, 2 minutes seulement se sont écoulées.